J'ai rencontré chez la belle Amandine un voisin islamophobe. Pendant quatre heure, avec beaucoup de ferveur mais sans en venir aux mains, il a essayé de nous expliquer pourquoi les musulmans ont toujours voulu envahir l'Europe. Il me donnait des dates-clés de l'histoire, des chiffres et des pourcentages qui n'avaient aucune profondeur et qui s'effondraient dès que l'on creusait un peu plus loin.
Les jeunes de la soirée qui discutaient avec lui devenaient fous. Ils ne comprenaient pas pourquoi cet homme n'écoutait pas alors qu'il venait pour discuter, pourquoi il était poli alors qu'il pensait des choses impensables. Pris aux dépourvus, ils terminaient pas "monsieur, vous êtes raciste, vous êtes un facho"
Je me suis posé des questions sur Maxime, 60 ans, et sur ce qu'il l'a conduit à cette vie-là. Je me suis emparé de cette expérience pour en faire un livre à la gouache, à la manière des enluminures du Moyen-âge que l'on considère être une période d'obscurantisme à ce jour. La perspective écrasée met la maison de Maxime à son échelle et montre l'étroitesse de ses réflexions, ce qui le rend tout tordu dedans. Au dehors de sa maison, il n'y a que ce qu'il se projette, ses peurs, ses croyances. Le tout a la forme d'une épopée, je me suis inspirée du livre d'heures de Jeanne d'Evreux, pour exprimer mon sentiment face à ce genre de personnes : on pense qu'elle n'existe qu'à travers quelques vidéos réac sur youtube ou dans les meeting de Marine, loin de nous, comme une légende.
Je n'ai pas cherché à donner de morale, de fin de l'histoire à ce livre, mais je veux exposer la vie de quelqu'un désespérément seul, mais qui pourrait peut-être un jour, malheureusement, se retrouver très entouré dans ses idées.
Pour vous mettre dans l'ambiance :
Et ça brille ! La couverture est en imitation de velour.